Lettre d'André Breton à Judit Reigl: 25 décembre 1954

Très chère Judit,
 
aussi souvent qu'au cours de ces dernières semaines je suis remonté à la surface, Simon pourra vous dire que je me suis enquis de vous (et bien d'autres fois par la pensée). Si j'avais été moins mal, je vous aurais sûrement fait signe, mais le pélerinage aux enfers recommence périodiquement pour moi dans ces jours qui précèdent Noël. Parmi les causes d'assombrissement survenait la crainte que vous ne gardiez mauvais souvenir de cette exposition dont je m'étais fait une fête. L'adversité avait voulu que je ne pusse être là ni le premier ni le dernier jour. Pourtant, chère Judit, je suis sûr qu'en profondeur et dans la gravité des choses, cette exposition a marqué, et qu'elle suscitera à faible distance, de la part de ceux qui comptent, un grand mouvement vers vous et un besoin impérieux de rappel.
Je suis plus que jamais, d'esprit et de coeur, avec vous.
 
André Breton