Publié dans le catalogue d'exposition « Judit Reigl », Galerie Rencontres, Paris, 1976
A propos de Déroulement
Il s'agit essentiellement de l'espace réel, de l'épaisseur, profondeur physique d'une toile vierge, très fine, sans apprêt. Il s'agit aussi d'un mouvement réel, physique, qui se déroule dans l'espace-temps : je marche longeant la toile, la touchant, l'effleurant avec un pinceau trempé dans de la peinture glycérophtalique qui s'inscrit dans la toile latéralement et la pénètre en même temps transversalement. Volume en devenir, visible à l'endroit comme à l'envers.
Il s'agit ensuite de la lente révélation du passage – de l'imperceptible au perceptible – de ce volume, par un long travail pictural de plus en plus complexe, précis, serré. Application en plusieurs couches de couleur à l'envers de la toile, qui, tout en continuant d'épaissir les plages soi-disant vides (sans inscription), paradoxalement provoque la lente disparition du volume, le pousse vers l'intérieur du tissu, le vide de la vibration, l'aplatit jusqu'à sa quasi-dissolution.
Je m'arrête parfois à la première phase, c'est-à-dire l'exploration des possibilités qu'offrent les couches acryliques accumulées sur l'endroit de la toile seulement. Quelquefois je poursuis l'opération sur l'envers du tissu, soulignant, insistant sur la deuxième phase : l'ensevelissement-dissolution. Mais le plus souvent, je combine les deux procédés, à l'envers comme à l'endroit, dans un équilibre instable et précaire au seuil de l'apparition/disparition, à la frontière de la naissance de la mort.
Il faudrait avoir deux vies.
Il s'agit ensuite de la lente révélation du passage – de l'imperceptible au perceptible – de ce volume, par un long travail pictural de plus en plus complexe, précis, serré. Application en plusieurs couches de couleur à l'envers de la toile, qui, tout en continuant d'épaissir les plages soi-disant vides (sans inscription), paradoxalement provoque la lente disparition du volume, le pousse vers l'intérieur du tissu, le vide de la vibration, l'aplatit jusqu'à sa quasi-dissolution.
Je m'arrête parfois à la première phase, c'est-à-dire l'exploration des possibilités qu'offrent les couches acryliques accumulées sur l'endroit de la toile seulement. Quelquefois je poursuis l'opération sur l'envers du tissu, soulignant, insistant sur la deuxième phase : l'ensevelissement-dissolution. Mais le plus souvent, je combine les deux procédés, à l'envers comme à l'endroit, dans un équilibre instable et précaire au seuil de l'apparition/disparition, à la frontière de la naissance de la mort.
Il faudrait avoir deux vies.