Judit Reigl : Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

1 Juin - 19 Août 2018

Grâce à l’achat d’une œuvre de la série New York, 11 septembre , et au don de cinq peintures plus anciennes provenant du Fonds de Dotation Judit Reigl , le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris complète une collection déjà constituée de quatre œuvres de l’artiste. Cet ensemble de travaux dévoile ainsi les phases majeures d’un parcours réalisé en proximité de deux grands mouvements artistiques du XXème siècle – le surréalisme et l’abstraction.

«Le corps est le plus parfait instrument et le plus tragique obstacle»
 
Judit Reigl, née en 1923 en Hongrie, étudie à l’Académie des Beaux-arts de Budapest de 1941 à 1945 puis découvre, lors d’un séjour en Italie, la peinture des maîtres anciens. En 1950, elle fuit clandestinement son pays en proie au stalinisme et arrive à Paris où elle est accueillie par son compatriote Simon Hantaï. Ce dernier lui présente André Breton qui lui organise sa première exposition personnelle en 1954.
 
L’artiste s’affranchit très vite du groupe surréaliste et de l’onirisme de ses premiers travaux pour se diriger vers un art plus gestuel. Elle conserve néanmoins le principe d’une « écriture automatique totale, psychique et physique » qui privilégie la vitesse d’exécution et l’éclatement des formes. De 1958 à 1965, elle réutilise des toiles ratées, jetées au sol, sur lesquelles elle a « marché, déversé de la matière picturale », laissant ainsi place à l’accident, au « hasard objectif ». Retravaillées, celles-ci constituent une nouvelle série, les Guanos.
 
À partir de 1966, des torses humains, le plus souvent masculins, émergent inopinément de ses oeuvres. Ces figurations spontanées toujours en lévitation, tantôt ascendantes, tantôt en chute, constituent la série Homme.

Tandis que les toiles des Déroulements (1973-1985) témoignent de la rencontre d’une gestuelle sans contrainte formelle avec l’autonomie des matériaux utilisés, la série Entrée–Sortie (1986-1988) questionne au contraire le tableau dans ses fonctions et ses limites. Tout signe se référant au mouvement est ici effacé. Enfin, les oeuvres intitulées New York, 11 septembre, réalisées en 2001 et 2002 suite aux attentats contre le World Trade Center, font écho à un motif récurrent dans le travail de l’artiste : le corps en apesanteur, plongeant dans le vide.
 
Pour Judit Reigl, l’aspect technique est fondamental, depuis le choix de la toile jusqu’à la création des instruments qu’elle fabrique. L’oeuvre est le résultat d’un corps à corps avec le matériau, d’un mouvement réel, physique, qui se déroule dans l’espace-temps.
 
 
Commissaire : Julia Garimorth, assistée de Sylvie Moreau-Soteras