L’exposition met en lumière les œuvres de deux figures mondiales, les artistes féminines Vera Molnar (1924-2023) et Judit Reigl (1923-2020), qui se sont installées en France après la Seconde Guerre mondiale, ainsi que celles de deux peintres de la génération intermédiaire, Márta Kucsora (1979), reconnue à l’international, et Kati Vilim (1970), basée à New York.
Plutôt que de se concentrer sur des mécanismes d’influence ou des parallèles artistiques, l’exposition explore deux grands phénomènes pour analyser des thèmes socio-artistiques : la transformation de l’expérience spatiale et l’évolution de l’attitude créative, ainsi que nos réactions face à la virtualité et à la société de l’information.
La transformation de l’espace dans la création
Judit Reigl et Márta Kucsora ont modifié l’expérience spatiale au cours de leurs processus créatifs. Elles intègrent des forces extérieures (gravité, outils divers, mouvements corporels) et redéfinissent leur lien direct avec la toile, repensant ainsi l’acte de création.
D’un autre côté, Vera Molnar et Kati Vilim explorent l’impact de la culture numérique sur le spectateur. Leurs œuvres jouent avec la sensation d’espace généré ou créé, et exploitent le triptyque espace-temps-couleur. Vera Molnar, pionnière dans l’utilisation de l’ordinateur en art, a appris à programmer et, dès la fin des années 1960, a élaboré ses projets grâce à cet outil. Elle cherchait à créer des images géométriques qui révélaient à la fois l’espace et la forme, tout en incorporant un élément de spontanéité à hauteur de 1 %.
Kati Vilim, quant à elle, représente sur ses toiles des modèles d’espace influencés par la culture numérique, qui paraissent presque réels par leur aspect illusionniste. Elle canalise l’abondance des stimuli visuels de la société de l’information dans des formats traditionnels de peinture, évoquant les valeurs de l’art d’avant la digitalisation.
Les processus performatifs et la relation à l’espace
Chez Judit Reigl et Márta Kucsora, la création devient performative, marquée par une méthodologie consciente basée sur une dynamique de rapprochement et d’éloignement de la toile. Dans les années 1950, Reigl a réalisé que ses mouvements pouvaient être retranscrits par la calligraphie, mais ce n’est qu’avec sa série Processus des années 1970 qu’elle a pleinement exploré ce concept. Dans son atelier, elle a recouvert ses œuvres précédentes et s’est détachée de ses méthodes passées, peignant en mouvement sur fond de musique. Cette série se caractérise par des marques rythmiques qui reflètent la traduction de ses gestes en peinture.
Márta Kucsora, de son côté, recrée des phénomènes naturels tels que cascades, vagues ou feuillages dans son atelier. Ses toiles monumentales, qui évoquent un puissant sentiment d’espace, intègrent des forces externes par des méthodes innovantes sans contact direct avec la toile, rendant le processus de création performatif. Elle inclut également des observations liées aux propriétés chimiques des matériaux, combinant techniques contemporaines et exploration matérielle.
Commissaire : Dr. Flóra Mészáros