Robert Le Vrac Tournières
Marie-Gabrielle Capet
Joan Mitchell (Mémoires de paysage)
Une expostion inscrite dans le cadre d'un ensemble de trois expositions
intitulé "En trois temps", présenté au musée pour l'été...
Joan Mitchell, figure majeure de l’abstraction américaine, s’est installée à Vétheuil, en bordure de la Seine, à la fin des années 1960. Pendant plus de vingt ans, elle va y puiser les motifs d’une aventure picturale exceptionnelle.
A partir de 1967, l’installation du peintre au bord du fleuve, profite à son art en étendue et en lumière. Sur le plan formel, l’artiste développe toute une production de polyptyques, témoignage d’une appréhension élargie de l’espace tel qu’il se déploie sous ses yeux, notamment le paysage dilaté qui s’offre à voir depuis les hauteurs de sa propriété. Vivant en totale osmose avec la nature, elle crée d’infinies variations sur le paysage qui s’offre à elle dans, autour et depuis les hauteurs de sa propriété. L’énergie du geste, la précision de la touche, la densité de la couleur se font de plus en plus intenses, multipliant les tons les plus variés : des noirs et des bleus cobalts, des jaunes brûlant de soleil, des verts gazons et des bleus clairs.
Autour de Joan Mitchell est ici présenté un ensemble d’œuvres d’artistes qui s’imposent au regard de la relation qu’elle avait pu entretenir avec eux, concrètement ou non : Monet, Riopelle, Jaffe, Reigl, Frydman, Kirkeby, Benzaken. Qu’il s’agisse de la figure tutélaire de Monet ou de celle affective de Jean-Paul Riopelle. Qu’il s’agisse de l’une de ses compatriotes, Shirley Jaffe, venue pareillement s’installer en France à la fin des années 1940, de Judith Reigl, arrivée de Hongrie en 1950, ou de Monique Frydman : ce sont là des personnalités qui, à des titres divers, ont connu ou rencontré Joan Mitchell, voire exposé avec elle. Ajouter à cette liste un peintre comme Per Kirkeby relève du rapprochement sensible et intelligible de son travail avec celui de Joan. Enfin, y trouver une petite peinture sur papier faite à quatre mains avec Carole Benzaken témoigne de l’attention que Joan Mitchell a toujours portée à l’égard des plus jeunes.